L’immersion

L’apprentissage des langues dès 5 ans

Un homme vaut autant d’hommes qu’il connaît de langues.

Charles-Quint

Eveiller l’enfant à un autre mode de pensée et à d’autres cultures tout en suscitant chez lui l’audace et le plaisir de s’exprimer dans une autre langue, contribue à l’épanouissement et à l’enrichissement de sa personnalité dans des dimensions d’intégration sociale, morale, affective et intellectuelle. (Extrait du programme intégré)
Le 1er septembre 2005, l’Institut Notre-Dame a débuté l’apprentissage du néerlandais par immersion à partir de la 3ème maternelle.
Toutes les classes primaires sont maintenant concernées par ce projet.
Les Instituts Saint-Julie et Saint-Laurent, voisins de notre établissement, organisent depuis 2004 l’immersion en anglais et en néerlandais.
En assurant la continuité entre le fondamental et le secondaire, les enfants peuvent ainsi apprendre les langues.

Renseignements et inscriptions

Le nombre d’élèves inscrits en immersion étant limité, la priorité est donnée aux enfants déjà scolarisés dans notre établissement.
Toutefois, suivant les places disponibles, une inscription sera toujours possible en respectant l’ordre d’arrivée.

Pour tous renseignements et inscriptions, vous pouvez prendre rendez-vous par téléphone :

Madame Demoulin : 084/32.01.94
Madame Golinvaux : 084/32.01.98

Informations

Contexte

Depuis le décret du 13 juillet 1998 portant sur l’organisation de l’enseignement fondamental, l’apprentissage d’une seconde langue par immersion est officiellement reconnu et organisable.
Le besoin de ce type de formation proposée aux enfants d’école fondamentale s’est posé dès lors que l’Institut Sainte-Julie, voisin de notre établissement et organisant le premier cycle de l’enseignement secondaire, a décidé de proposer l’immersion à partir de la rentrée de septembre 2004; décision qui fut prise début 2004. Ce fut le départ d’un long processus de réflexion au sein de notre école; une journée pédagogique ayant été consacrée à ce sujet.
Dès lors, la direction s’est informée par la lecture de différents rapports d’expériences en cours et études traitant de ce sujet mais aussi en rencontrant des écoles qui pratiquent cette forme d’apprentissage depuis quelques temps. La journée pédagogique a eu lieu le 11 octobre 2004; elle a été animée par monsieur Wim De Grieve, Chargé de mission à la Fédération. Cela a permis à l’équipe éducative de réfléchir à la problématique de l’apprentissage des langues tant au niveau du questionnement que de l’organisation.
Le Pouvoir Organisateur (ELMA) a marqué son accord pour la mise en oeuvre du projet au cours du conseil d’administration du 13 décembre 2004.
Le conseil de participation a émis un avis favorable lors de la réunion du 17 février 2005 consacrée à ce sujet.
Le projet d’établissement a été modifié en intégrant ce nouveau projet aux objectifs de départ.

Pourquoi l’apprentissage des langues ?

Aujourd’hui, la connaissance d’une ou de plusieurs langues étrangères est une nécessité que nous reconnaissons tous. Qu’il s’agisse d’obtenir un emploi, de voyager ou d’accueillir des visiteurs, de se documenter sur une technique de pointe ou de faire connaître sa recherche, de négocier une matière politique ou d’acheter et vendre ou qu’il s’agisse encore de se divertir, nous sommes quotidiennement amenés à communiquer dans une langue étrangère. Il est nécessaire de comprendre, se faire comprendre et entrer en contact avec d’autres personnes dans un souci d’un interculturalisme.
L’intégration européenne qui se prépare ne fera qu’amplifier les échanges internationaux. L’Union européenne ne pourra être vraiment efficace au niveau international que si les différents groupes linguistiques qui la composent peuvent entrer directement en contact les uns avec les autres.
Face à ce besoin croissant d’une bonne connaissance des langues par un plus grand nombre de personnes, le monde de l’enseignement, tant public que privé, tente de proposer un certain nombre de réponses; l’enseignement immersif en est une parmi d’autres.

« Les unilingues de L’Europe risquent d’apparaître comme des sinistrés de la parole »
C. Hagège.

En quoi consiste l’enseignement immersif ?

D’après le dictionnaire, l’immersion est l’action de plonger, d’immerger un corps dans un liquide. De même, la démarche immersive consiste essentiellement à plonger les apprenants dans un bain de langue, c’est-à-dire, en milieu scolaire, à dispenser toutes ou la plupart des matières du programme dans la langue étrangère choisie, appelée en l’occurrence « langue cible », avec un enseignant qui est un locuteur natif de cette langue cible ou qui en a une connaissance équivalente.
Il faut souligner que dans le cas qui nous occupe, l’immersion s’effectue en milieu scolaire;
il en résulte donc qu’elle est artificiellement provoquée et entretenue, qu’elle doit composer une série de contraintes administratives et institutionnelles et qu’elle doit garantir une qualité d’apprentissage.

Quelques principes doivent être respectés. en effet, le « bain de langue » suppose que:

a. Le contact avec la langue cible doit être quantitativement important, surtout au départ.
b. L’apprentissage doit être précoce et d’abord centré sur l’oral.
c. La langue cible doit être le véhicule de la communication entre les enseignants et les apprenants et, dès que possible, entre les apprenants eux-mêmes sans recours à la traduction.
d. Les matières du programme doivent être enseignées dans la langue cible, comme les jeux et les diverses activités.
e. L’apprentissage immersif doit être mené d’une manière structurée et systématique visant à acquérir, dans un délai assez court, tous les éléments essentiels de la langue.
f. Un apprentissage du français doit être apporté aux enfants par un co-titulaire francophone.
g. En fin de sixième année, les élèves auront acquis des compétences les plus proches possible d’enfants natifs du même âge.
h. Dans les autres matières (français, mathématique, …), les enfants posséderont des compétences au moins égales à celles d’enfants non immergés.

Quels sont les principaux objectifs poursuivis ?

A travers cette méthode immersive, nous nous fixons des objectifs de trois ordres différents:

a. Objectifs pédagogiques:

∙ Amener les enfants, fin de sixième primaire, à des compétences en néerlandais les plus proches possibles des compétences d’enfants néerlandophones du même âge.
∙ Amener ces mêmes enfants à des compétences au moins égales à celles des autres enfants non immergés dans toutes les autres matières (français, mathématique, histoire…).

b. Objectif démocratique:

∙ Supprimer l’obstacle financier en mettant à la portée de tous un programme d’apprentissage d’une langue étrangère, ne limitant plus cela uniquement aux familles disposées à envoyer leurs enfants à l’étranger ou capables de recourir à des écoles privées.

c. Objectif socio-culturel:

∙ Offrir aux enfants une ouverture d’esprit, une ouverture au monde et une ouverture aux autres cultures. Donner aux enfants les moyens et l’envie d’aller à la rencontre des autres limitant l’obstacle de la langue et contribuant ainsi à former le citoyen de demain.

Quand pratiquer l’immersion ?

Afin de tenir compte des contraintes anatomiques, neurologiques et linguistiques selon lesquelles les périodes de réceptivité maximale se situent dans les neuf premières années de la vie, il est conseillé de commencer dès l’enseignement maternel.
Du point de vue phonologique, le développement optimal est assuré durant les cinq premières années. Un bébé est capable de produire et d’entendre tous les sons, mais, en fonction de son milieu, il opère ensuite une sélection et « discrimine ». Ceci fait dire à certains que nous naissons tous multilingues et devenons ensuite unilingues en fonction de notre milieu.
Du point de vue linguistique, le noyau dur du système linguistique est constitué de la phonologie et de la syntaxe. Or les capacités phonologiques sont optimales pendant les neufs premières années et les capacités syntaxiques le sont pendant les huit à neuf premières années. En effet, au-delà de ce délai, l’hémisphère droit du cerveau n’aide plus l’hémisphère gauche dans l’apprentissage de la langue; l’imagerie médicale montre que chez les bilingues précoces, il n’y a pas de zone langagière spécifique, tandis que ces zones sont bien délimitées chez les bilingues tardifs.

Quelles précautions pour réussir l'immersion ?

Un soutien doit être assuré en langue maternelle:

○ Il réside dans la surveillance des capacités langagières des enfants dans leur langue maternelle.
○ Après la surveillance vient le développement, les capacités des enfants en français doivent être épanouies et enrichies.
○ L’enseignement dans la langue maternelle doit être conduit de manière à ce que le décalage soit négligeable et à ce que, en fin d’école primaire, l’élève puisse se présenter avec succès aux examens pour l’obtention du certificat d’études de base. Le soutien en langue maternelle est souvent un des points qui angoisse le plus les parents. En effet, le niveau de langue maternelle en Belgique est visiblement en train de régresser. Certains parents sont effrayés à l’idée qu’un bon niveau orthographique et grammatical ne soit pas atteint. Beaucoup d’employeurs se basent sur ce genre de critères pour sélectionner les candidatures reçues. Ce qui veut dire que négliger ces apprentissages risquerait d’hypothéquer l’avenir des enfants. Tout doit donc être mis en oeuvre pour que

l. L’enseignement de la langue maternelle soit qualitativement correct.
2. La pédagogie doit être adaptée en songeant que l’on part de l’oral pour aller vers l’écrit.
3. La langue cible est employée comme véhicule de l’enseignement dans des matières non linguistiques.
4. L’horaire tant scolaire que parascolaire doit tenir compte de la fatigue des jeunes apprenants. Eviter la surchauffe des activités d’après quatre heures.
5. Le professeur de la langue cible s’adresse toujours aux élèves dans cette langue alors que le titulaire chargé des cours de langue maternelle s’exprimera toujours en français.
6. Un suivi de la part des parents est nécessaire car cette forme de scolarité requiert une approche différente.
7. Les cours de langue maternelle sont évidemment dispensés par des enseignants locuteurs natifs de la langue maternelle et différents de ceux qui enseignent la langue cible. Il est important pour les enfants qu’à un enseignant corresponde une langue.
8. Un programme d’enseignement immersif qui ne serait pas accompagné d’une consolidation de la langue maternelle est qualifié « d’immersion sauvage » ou de « submersion ».

A qui s’adresse l’enseignement immersif ?

Il ne s’agit pas, pour la section immersive, de sélectionner des enfants plus doués. Une classe équilibrée comporte des élèves moyens, des plus forts et des plus faibles. Comme pour les autres apprentissages, c’est la diversité qui est riche. Toutefois, les candidats auront une connaissance suffisante de la langue française. Dans ce cadre, cet enseignement est ouvert à tous. Il n’est pas question de sélection interne qui risquerait d’aboutir à l’élitisme; ce qui est contraire à l’objectif poursuivi et à l’esprit de notre projet d’établissement.
Les familles demanderesses doivent être motivées tout au long du processus. Elles participent à l’accompagnement de l’expérience et témoignent d’une confiance réelle aux enseignants et à l’institution du projet, comme devraient l’être toutes les familles qui confient leurs enfants à notre école. Cet accompagnement est important parce qu’il permet de répondre aux questions que les familles rencontrent tout au long de la scolarité.

Quels résultats espérer avec l’immersion ?

∙ Selon les études d’accompagnement effectuées jusqu’à ce jour, l’introduction d’une seconde langue n’affecte en rien l’acquisition de la langue maternelle. Aucun problème particulier n’apparaît au niveau des tests et les enfants n’ont pas de difficultés de discrimination entre les langues. Quand il y a retard cognitif, il n’est pas imputable au bilinguisme précoce, mais à d’autres causes.
∙ Au Lycée communal Léonie de Waha de Liège où l’expérience a commencé en 1989, les résultats sont bien plus qu’encourageants, ils sont très bons. Les enfants parlent, lisent, écrivent et calculent en anglais. Le programme suivi en anglais est le même que celui des écoles francophones. les enfants n’accusent pas de décalage particulier sauf en français uniquement au début du programme, matière pour laquelle l’apprentissage de la lecture et de l’écriture est délibérément retardé afin de ne pas créer de confusions et de permettre aux enfants de se concentrer d’abord exclusivement sur la langue cible.
∙ L’évolution des enfants supporte aisément la comparaison avec celles d’enfants du même âge inscrits dans une école francophone. Rapidement, le décalage en français diminue sensiblement par rapport à une classe non-immersive et les élèves peuvent se présenter en français à l’examen pour l’obtention du C.E.B. en fin de sixième année avec autant de chances de succès que les autres élèves.

∙ On constate aussi que:

o La capacité de travail des enfants « immergés » paraît plus importante que chez les autres;
o La mémoire, davantage sollicitée, semble plus développée;
o Une motivation importante pour les apprentissages en deuxième langue et à posteriori pour l’apprentissage d’une troisième, voire une quatrième langue;
o La fatigue apparaît parfois plus rapidement, souvent l’après-midi, chez les enfants « immergés ».
∙ L’enseignement immersif est incontestablement très efficace pour ce qui est de la langue cible où, après 7 ans d’immersion, les élèves les plus avancés dans le programme ont acquis des compétences remarquables sur les quatre plans: expression orale et écrite, compréhension à la lecture et à l’audition.
∙ Les performances aux examens et épreuves diverses des enfants immergés sont généralement supérieures à la moyenne communautaire tant pour les matières données en langue maternelle que pour celles données en deuxième langue.
∙ Les enfants ne sont pas les seuls à bénéficier de l’immersion scolaire. Les parents ou certains d’entre eux au moins, se prennent au jeu. La perspective de voir leur enfant bilingue et la constatation de la qualité de ses performances et de son rendement scolaire semblent parfois ranimer chez les parents le désir d’acquérir ou de progresser davantage dans une seconde langue. La modification des préoccupations parentales par rapport à l’avenir de leurs enfants constitue un bon indicateur de la mobilisation sous-jacente des motivations.
∙ L’unilinguisme en vient à être perçu comme un handicap: on remarque également qu’en cas de bilinguisme, l’écart social entre langue maternelle et deuxième langue perçu par l’individu tend à être moindre que celui perçu par une personne unilingue. La cause en est une compréhension plus raffinée de la vie sociale et culturelle des deux communautés linguistiques. Toute référence à l’uniformité linguistique disparaît progressivement pour faire place à une idée de pluralisme et de diversité.
L’interprétation sociale des évènements et les idéologies des unilingues et des bilingues divergent. Chez les personnes ayant reçu un enseignement bilingue, il semble qu’une certaine compréhension s’installe quant à la manière de vivre, d’agir, et de penser des autres communautés. L’intérêt de la personne bilingue face au développement socio-économique est qualitativement différent de par l’élargissement de ses horizons et de ses possibilités d’épanouissement.
∙ Les avantages de l’enseignement immersif sont évidents: précocité et intensité d’exposition à la langue cible, caractère motivant et fonctionnel de la pratique linguistique. Les inconvénients, avec des enfants normaux, sont nuls ainsi que l’attestent également des études canadiennes effectuées depuis longtemps. La pratique immersive n’est un embarras ni pour le développement des capacités et des connaissances en langue maternelle, ni pour la maîtrise du programme.

Concrètement, quelle organisation au sein de notre école ?

∙ Organisation depuis 2005
∙ Les cours de gymnastique, psychomotricité et de religion sont donnés en français.
∙ L’enseignant qui donne les cours sera natif de la langue ou reconnu comme tel possède un diplôme d’instituteur maternel ou primaire (ou assimilé).
∙ Les objectifs sont conformes à ceux définis dans les socles de compétences, c’est la raison pour laquelle le volume hebdomadaire de période dans la langue cible est dégressif afin que tous les élèves se présentent aux évaluations de fin d’école primaire en français avec un maximum de chances de réussite.
Nous engageons prioritairement un instituteur maternel natif de Flandre ou des Pays-Bas ou pour qui le néerlandais est la langue maternelle.

Pourquoi le néerlandais ?

La méthode immersive convient à l’apprentissage de différentes langues. Cependant, dans un pays bilingue (trilingue plus exactement), le choix du néerlandais semble s’imposer . L’argument de l’internationalité de l’anglais en tant que langue véhiculaire est également à prendre en compte. C’est finalement notre Pouvoir organisateur qui a tranché en faveur du néerlandais. Il est vrai que, dans la recherche d’un emploi en Belgique , l’atout bilinguisme néerlandais-français est prépondérant.